Un prêtre quitte sa paroisse...

Un prêtre quitte sa paroisse pour se marier.

L’éditorialiste du magazine  » La Vie » reconnait la valeur de l’engagement missionnaire de ce prêtre dans sa paroisse, et regrette ce choix.

Le texte ci dessous est une réponse à cet éditorial.

Dans « La vie » un article sur un prêtre qui s’en va ?  Presque courageux ! Et pas n’importe quel article : l’éditorial de Jean Pierre Denis carrément ! Très bon signe que cela…

 

Las ! Notre  impression favorable se dissipe dès les premières lignes de lecture ! Pourquoi donc cette analogie avec les couples qui se séparent ? Un prêtre qui s’en va ne quitte personne, ni Dieu ni humain ! Et suit un amalgame entre fidélité, sincérité, obligation, individuation…vraiment peu pertinent !

Et voici David Gréa, qui grâce à ses qualités missionnaires, obtient de la hiérarchie ecclésiale une attention toute particulière, semble-t-il. Mais les dizaines, les centaines, les milliers de prêtres qui ont, eux aussi, consacré l’essentiel de leur temps, de leurs compétences, de leur force à servir en église, et qui s’en sont allé, avec discrétion en général, dans la souffrance souvent ? Eux aussi, à leur mesure, avaient «  révolutionné leur paroisse, suscité des conversions, parlé aux périphéries », en dépit même du conservatisme  et des peurs de la hiérarchie cléricale. Ont-ils au moins été accompagnés de ce vœu : « qu’ils en soient remerciés » ?

Le départ des prêtres de leur sacerdoce ne peut pas être considéré comme une succession de faits divers. C’est une réalité globale qui demande à l’Eglise une réflexion fondamentale et le courage de repenser ses traditions et ses règlements. Ce n’est plus le choix de personnes qui quittent leur engagement, mais plutôt le choix d’une institution de se séparer de ses ministres qui adaptent leur situation personnelle aux événements de leur vie.

 

Non, l’Eglise ne se trouve pas devant un problème apparemment insoluble.

Non, le célibat sacerdotal n’est en rien un pilier que l’on ne pourrait abattre sans menacer l’édifice .Il y a beau temps que cette tradition a perdu tout fondement théologique.

 

Pourquoi l’Eglise Catholique condamne –t-elle encore ses ministres ordonnés à une obligatoire mutilation affective, sexuelle  dans une société où ce sacrifice est très largement jugé inadéquat, incompris, incongru, quasi ridicule. Cette « croix », inutile à notre époque, pourrait disparaître. Les chrétiens, les paroissiens, et la société en général, sont très majoritairement prêts à accueillir des prêtres, des curés mariés, en même temps que leurs confrères qui souhaitent rester dans le célibat.

Bien sur, le mariage des prêtres ne solutionnerait pas tout, de la crise des vocations à la pédophilie. Mais il n’aurait pas plus d’inconvénients que le célibat imposé.

 

Nous sommes  déçus de ce que Jean Pierre Denis semble accepter l’idée du mariage d’un prêtre seulement pour tenir compte de «  l’urgence de l’évangélisation », comme un pis aller.

A quand, dans « La vie », un éditorial joyeux  affirmant que le mariage possible des prêtres ne nuit ni à la mission d’évangélisation, ni à la grandeur du sacerdoce, ni à l’engagement sacramentel, ni à l’enseignement du Christ, ni à la pérennité de l’Eglise ?