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L'évêque épiscopalienne de Washington et Donald Trump

Voici une traduction de l’intervention, à la fin de la prière, de Marianne Edgar BUDDE, évêque épiscopalienne de Washington, lors de l’investiture de Donald Trump comme président des U.S.A., en Janvier 2024.

« Permettez-moi une dernière prière, Monsieur le président. 

 

Des millions de personnes ont mis leur confiance en vous 

et, comme vous l’avez dit hier à la nation, 

vous avez senti sur vous la main providentielle d’un Dieu aimant. « 

 

« Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié des habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés. 

 

On trouve des enfants et des jeunes gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes. Et certains d’entre eux craignent désormais pour leur vie. 

 

Et il y a des personnes.. ces personnes qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volaille et les usines de conditionnement de la viande, qui lavent la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux… Peut-être ne sont-ils pas des citoyens en règle, avec les papiers adéquats. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras et temples.

 

« Je vous demande d’avoir pitié, Monsieur le Président, des membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés, et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici compassion et accueil. 

 

Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux envers l’étranger, car nous avons tous été un jour des étrangers dans ce pays. 

 

Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de nous parler les uns aux autres en vérité dans l’amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tout notre peuple, pour notre bien à tous, peuple de cette nation et du monde. Amen. »

« 

Au delà de nos divergences, créons des oasis de fraternité

Des oasis de fraternité

Il n’y a plus de portes dans les murs, plus de ponts sur les rivières. Entre les pour, les contre, les contre du pour et les pour du contre, nous prenons nos peurs pour des opinions, et nous nous rapetissons dans nos peines. Chacun pour soi, chacun chez soi, nous ne faisons plus que subir et nous débattre dans la tristesse de la séparation.

Il est là le vrai virus, caché dans cette cave du cœur où nous oublions notre commune humanité.

Au-delà de nos idées, de nos croyances, il est grand temps de revenir à ce qui nous fait semblables : la vie, la chaleur de la vie. Nous ne sommes ni nos idées, ni nos croyances

Nous sommes beaucoup plus que cela. Nous sommes des êtres vivants peuplés de joies, de peines d’émerveillements, de mémoire, de rêves et de cauchemars, d’élans et de désirs. Parlons donc de tout ce qui nous unit, c’est la meilleure façon d’éloigner ce qui nous sépare. Tout au long de mon existence, j’ai tenté de servir la vie ; je ne peux donc qu’essayer encore et vous dire mon sentiment. Le mauvais temps que nous traversons doit nous apprendre à grandir, à créer partout où nous le pouvons des oasis de fraternité plutôt que des champs de bataille. Je vous le dis parce que je sais qu’au fond, nous en rêvons tous et que nous n’avons pas d’autres choix que de cheminer vers nos rêves.

  Henri Gougaud

« Le peu de bien que tu peux faire, il faut le faire »

Théodore MONOT

Bénédiction, non jugement et accompagnement

Jean Claude THOMAS, 15 janvier 2024. Extrait de Paroisse Saint  Merry à Paris

En lisant Fiducia Supplicans qui rend possible la bénédiction de « couples en situation irrégulière », je me suis d’abord souvenu de la petite phrase prononcée par Pape François dans l’avion qui le ramenait des Journées Mondiales de la Jeunesse de Rio, en juillet 2013, en réponse à un journaliste qui l’interrogeait sur l’homosexualité d’un membre de la curie romaine: « Qui suis-je moi pour juger? »

Cette parole nous livrait déjà, je pense, une des clés de compréhension de sa démarche d’aujourd’hui, directement inspirée de l’Évangile. Non seulement mettre en œuvre la parole de Jésus invitant à ne pas juger : « Ne jugez pas ! … Comment vas-tu dire à ton frère : “Laisse-moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?» (Matthieu 7,1-4). Mais surtout, à la manière de Jésus, refuser toujours de transformer une parole qui appelle en une pierre qui tue.

Cela peut coûter cher au Pape François comme cela a coûté cher à Jésus. On voit bien que, pour une partie de l’opinion catholique et des évêques, le Pape François va trop loin en rompant notamment avec son rôle traditionnel de moralisateur universel, énonçant, au nom de Dieu, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.

Mais on voit bien aussi que, quoi qu’il puisse lui en coûter, François s’efforce de mettre en œuvre cette tension dialectique qui traverse les Évangiles : sans jamais renoncer à la radicalité des appels que Dieu nous adresse, se faire proche, au lieu de juger, et surtout  « accompagner » ( c’est un des grands mots du Pape François) au lieu de prendre ses distances  et de repousser dans les marges . […]

 

Car, comme Jésus le dit aussi dans l’Évangile de Marc (2,27) : « Le sabbat est fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. » Le sabbat, une des prescriptions essentielles de la Loi juive ! Ce que Jésus dit du sabbat s’applique évidemment pour lui à l’ensemble de la Loi. Celle-ci est Parole de Vie et non prescription permettant de distinguer ceux qui sont dans le droit chemin des autres. André Chouraqui, familier de l’hébreu, dans sa traduction de la Bible, ne parle pas de « Dix Commandements » mais des « Dix Paroles », et, dans un de ses derniers écrits, les intitule « Dix Paroles pour réconcilier l’homme avec l’humain ».

Au-delà des débats qu’elle suscite, l’ouverture proposée par le Pape François, à adapter selon les circonstances comme l’exprime ce texte plein de nuances, me semble être d’abord une forme de retrouvailles avec ce qui est au centre de l’Évangile : ne plus juger ni mettre à l’écart, faire bon accueil et accompagner au lieu de rejeter dans les marges, ne jamais transformer un appel en une pierre qui tue, agir en fils du Dieu de tendresse et de miséricorde, lent à la colère et plein d’amour.

Et faire sortir de la clandestinité, non seulement ceux qui sont les destinataires de ces bénédictions, mais aussi ceux qui, nombreux, pour les raisons évoquées ci-dessus, ont déjà eu l’occasion de faire bon accueil à de telles demandes.

 

L’Église catholique romaine peut-elle se réformer en profondeur, selon l’esprit de Jésus de Nazareth qu’elle considère comme sa référence inspiratrice? C’est l’ambition affichée du synode, si l’on en juge par le document préparatoire de la première session de l’assemblée générale qui, en ce mois d’octobre 2023, rassemble 364 participants-268 évêques et seulement 96 laïcs et 54 femmes.

Les sujets à débattre, issus des consultations de la base des fidèles au cours des deux dernières années et fixés dans l’instrumentum laboris,le document de travail de l’assemblée générale du synode, ne sont certes pas mineurs: pratiquer un accueil inconditionnel des personnes, chrétiennes ou non,souvent marginalisées-divorcés repariés, LGBTQ+,etc.-, percevoir la sécularisation comme une chance et non une menace, remedier à l’inadaptation des ministères ordonnés aux défis du temps, permettre aux chrétiens de la base de participer activement à la marche de leurs communautés,à tous les niveaux, étudier la possibilité d’ordonner prêtres des hommes déjà mariés et diacres des femmes; envisager une certaine autonomie des conférences épiscopales nationales et continentales, etc.

Mais qui ne voit que les dés sont déjà pipés, puisque le règlement édicté pour la tenue du synode élimine d’emblée et définitivement-c’est la demande du pape-des demandes cruciales formulées par nombre de chrétiens, comme l’accès des femmes à la prêtrise ou la levée de l’imposition du célibat des prêtres et beaucoup plus profondément la nécessité de remettre en question les piliers même de ce qu’on peut appeler le « système » catholique: les dogmes et la morale officielle élaborés et formulés lors des conciles des IVe et Ve siècles dans des langages et des représentations datant d’une culture périmée, de même que les liturgies qui,mêmes réinventées lors de Vatican II, reposent sur des bases anthropologiques et idéologiques des temps anciens.A quoi il faut ajouter la hiérarchie cléricale masculine née au IIe siècle de notre ère qui prétend avoir été instituée par Jésus lui-même.(…)

Jacques MUSSET, extrait d’un article paru dans le journal « Le Monde » du 31 octobre 2023

Jacques Musset est bibliste et ancien prêtre, auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le christianisme.

« je me prends à rêver que l’Eglise de demain devienne un réseau de petites communautés adultes, capables d’indépendances, matures, capables de critique. Au croisement liturgique de la vie et de la Parole, je les imagine sorties définitivement de la sécurité infantilisante de l’image d’un Dieu qui observe le monde jour et nuit en défendant à l’homme de vivre comme il l’entend. Cette foi là n’est plus la mienne. Elle est une illusion.

Raphaël BUYSE, « Autrement, L évangile » Bayard, 2021,  p. 178,179

neige compressé

Le souffle du Christ

Regardez-le!

 

Ne regardez pas sa divinité,

mais regardez plutôt sa liberté.

 

Ne regardez pas les histoires exagérées de son pouvoir,

mais regardez plutôt sa capacité infinie à se donner à autrui.

 

Ne regardez pas la mythologie du premier siècle qui l’entoure,

mais regardez plutôt son courage d’être,

sa capacité de vivre et

la qualité contagieuse de son amour.

extrait d’un poème de John Shelby Spong, in « Jésus pour le XXIeme siècle », ed. Karthala, Paris,  2014, p.313

Une religion archaïque

« Aujourd’hui, en occident, nous assistons encore au spectacle d’une religion toujours et encore figée dans son passé agricole.Une religion qui ne trouve pas le courage de se débarrasser de son équipement archaïque et désuet. Une religion qui ne réussit plus à marcher au rythme de l’évolution des connaissances, des cultures,des idées, des mentalités du temps. Une religion devenue désormais, pour la majorité des occidentaux, un musée de repères archéologiques qui tout au plus suscitent leur curiosité, mais qui n’ont plus aucun intérêt ni aucune utilité.

il est clair que si les églises chrétiennes et leurs hiérarchies s’obstinent à rester renfermées dans leur vision mythique de la réalité et à vouloir fonctionner sur les configurations et les programmes élaborés au néolithique, elles se condamneront inévitablement à l’insignifiance et à la disparition. »

Bruno MORI « Pour un christianisme d’avenir » (éditions Karthala, 2021), p. 200

« Quel avenir pour l’humanité? Coopérer avec la vie.

 

L’être humain ne peut se passer de la nature. La nature peut se passer de lêtre humain.

Après le constat d’une humanité divisée contre elle même, victime de pulsions irrationnelles fatales à toute coopération, peut-on imaginer l’instauration d’une solidarité universelle?

Il est vain de croire que cette belle disposition puisse être compatible avec la tyranie de la finance produisant de la finance et permettant des exactions majeures en toute légalité contre l’humain et contre la nature.

La terre constitue le patrimoine commun à toute l’humanité et exigera l’alliance de nos volontéset de nos compétences pour permettre notre continuité. Nous unir tous et coopérer pour servir la vie.

Ce ne sont pas les moyens matériels ni les aptitudes techniques qui font défaut pour atteindre cet objectif, mais bien notre capacité à incarner la bienveillance, le partage et la solidrité dans des relations libérées de la peur.

Il est de la responsabilité de chacun d’affronter sans attendre ce vaste et profond chantier intérieur.

Nous n’avons rien de nouveau à inventer. Nous avons à sortir de notre prétention, à cesser de lutter contre les évidences, pour nous relier avec humilité à l’intelligence qui s’exprime à travers la vie sous toutes ses formes depuis les origines.

Prétendre que nous allons alors à nous seuls changer le monde serait bien sûr irréaliste et vaniteux. Prétendre que le monde peut changer avec le concours d’une volonté humaine, sous l’éclairage de l’intelligence de la vie, oui!

Le temps de la puissance de la modération, constitutive de l’essor d’un vivre ensemble généreux et solidaire, est aujourd’hui la seule évidence. »

 

Pierre RABHI « le monde a-t-il un sens? » Fayars, 2014, avec J.M. PELT

V Les religions dans le dialogue avec les sciences. »

201.La majorité des habitants de la planète se déclare croyante, et cela devrait inciter les religions à entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité. Un dialogue entre les sciences elles-mêmes est aussi nécessaire parce que chacune a l’habitude de s’enfermer dans les limites de son propre langage, et la spécialisation a tendance à devenir isolement et absolutisation du savoir de chacun. Cela empêche d’affronter convenablement les problèmes de l’environnement.Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas. La gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience,ascèse et générosité, nous souvenant toujours que « la réalité est supérieure à l’idée ». « 

Pape François « Laudato si » Salvador ed.2015, p.152

« Abandonnons aujourd’hui toutes nos chicanes entre Français.Cessons de nous étiqueter, de nous désigner les uns les autres par ces termes où nous mettons du mépris: droite et gauche, paysans, ouvriers, intellectuels, prolétaires ou possédants, et de nousaccuser mutuellement de tous les méfaits.

Recommençons à nous faire confiance les uns les autres, et à nous saluer et à nous accueillir, en nous rappelant à chaque rencontre, comme le faisaient les premiers chrétiens, que nous sommes frères et soeurs en jésus-Christ »

André Trocmé (1901-1971), pasteur au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire.

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