Réparer l’Eglise?

Nous pourrions définir  le moment actuel par le mot :CRISE. Cela évoque un temps de gravité des questions qui sont face à nous, un temps nouveau, difficile à gérer et douloureux.

Mais surtout, conformément à l’étymologie grecque, c’est un temps de séparation, de distinction, de choix et de décision. C’est une opportunité notamment pour l’Eglise hiérarchique de prendre conscience de changements indispensables, et de saisir cette occasion de décisions nouvelles pour la survie de l’Eglise.

 L’urgence d’agir est à tous les plans.

Si l’on attend uniquement le plan universel, il faut s’attendre à une longue patience.

Si l’on ne se fie qu’au local, c’est une impulsion de changements dans une sphère très limitée, voire marginalisée ou même clandestine. On peut rêver que des micro communautés puissent faire « tache d’huile » et convaincre peu à peu tous les niveaux. Rêver.  En fait, c’est surtout se donner la liberté de vivre mieux  sa foi, modestement, et de patienter sans trop d’illusion dans l’attente des évolutions institutionnelles.

 

Des chantiers paraissent prioritaires : Engager  une démocratisation des décisions institutionnelles, dissociée de la caste des « ministères ordonnés ».

 L’histoire de l’organisation de  l’Eglise s’est constituée à partir du modèle politique de l’empire ou de la royauté, encouragée d’ailleurs précisément par ces pouvoirs politiques.

Ce mode de fonctionnement est aujourd’hui inadapté à la mentalité des croyants ; il induit une gérontocratie coupée des évolutions scientifiques et mentales ; il concentre les décisions d’organisation ecclésiale entre les mains d’un groupe restreint de mandarins souvent carriéristes ; il encourage un conservatisme auto protecteur ; il perpétue un style de vocabulaire, de règlementations, qui sont déconnectés de la vie concrète des chrétiens.

La parole de l’Eglise « officielle » est devenue ainsi inaudible et discréditée, alors qu’elle devrait être pour le monde : attendue, prophétique. Et respectée.

Ce mouvement de démocratisation des décisions pourrait engendrer des changements progressifs, mais indispensables :

_ Sur la place des laïcs dans l’Eglise, dans toutes les instances institutionnelles,dans les services comme dans la gouvernance, la recherche théologique,l’expression publique écrite ou orale, l’admission aux ministères et fonctions. Laïcs hommes ou femmes évidemment.

_Dans la révision des contraintes et des habitudes accumulées par l’histoire et qui sont souvent inadaptées aux sociétés et aux sensibilités actuelles  (célibat des prêtres, rites, sacrements, dogmes,…). Il ne s’agit pas de tout abandonner, mais de faire que l’Evangile puisse être reçu et compris par les hommes d’aujourd’hui, et que son message d’amour et de fraternité prime sur le fonctionnement administratif et politique de l’institution.

_Dans l’ouverture aux évolutions scientifiques, théologiques, sociales, philosophiques, qui traversent notre temps. Elles apportent des réflexions, des convictions raisonnables, des hypothèses dont il faut tenir compte pour éclairer la vie des humains. La «  définition » de Dieu, de la création, de la morale, ne peut plus rester figée. Cette ouverture inciterait à plus de modestie dans l’affirmation des croyances : il serait sage d’accepter plusieurs possibles ou d’admettre que l’on ne peut rien affirmer encore. (pour des exemples aussi divers que la bioéthique, l’humanité du fœtus, la vie après la mort, la divinité de Jésus, la présence réelle dans l’eucharistie, la ridicule déclaration de sainteté, etc.…).

 

L’Église, c’est à dire le peuple des croyants, mais aussi la hiérarchie institutionnelle, doit se saisir d’un rôle :

           * De service, non de pouvoir ou d’autorité.

           *De recherche et d’innovation, non de conservation

           *D’humilité et de doute, non de majesté, de certitude ou d’arrogance

           *d’écoute et d’intériorité, non de promulgation ou d’ostentation.

 

 

 

 

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